Figure basique depuis l'apparition des fonds plats, le flatspin procure pourtant des sensations de glisse uniques s'il est correctement réalisé.

 

Tout débute comme un banal surf, à ceci près que vous allez devoir vous placer sur le sommet de la vague, au besoin à l'aide de petits virages qui freineront votre bateau. Vous devez ensuite prendre de la vitesse vers le creux, au besoin en vous penchant légèrement sur l'avant du bateau. Au moment où vous redescendez, déclenchez la rotation. Choisissez de préférence une vague assez creusée pour débuter, il vous sera ainsi plus facile de sentir lorsque le bateau prend de la vitesse vers le bas.

Concernant le mouvement à proprement parler, deux éléments sont indispensables pour passer la figure correctement et pour ne pas se faire éjecter.

A ce sujet, une petite anecdote devrait pouvoir vous aider. Un de mes amis playboater, qui naviguait en Squall, buttait à cause de cela depuis longtemps sur le flatspin. Malgré tous ses efforts et sa bonne volonté, il ne parvenait pas à trouver la position dans laquelle le bateau présente le moins de résistance au courant. Sans s'en rendre compte, il mettait de la gîte lors de ses rotations, ce qui l'expulsait immanquablement hors de la vague. Il lui fut un jour donné d'essayer sur la même vague l'Alien, bateau radical par excellence. La largeur importante de son fond plat permet difficilement de mettre la moindre gîte, et notre ami se trouva donc dans l'impossibilité de reproduire la même erreur lorsqu'il tenta à nouveau la figure. Le bateau littéralement collé à plat sur la vague, il put enfin comprendre son défaut passé. Les témoins de la scène virent une certaine crispation sur son visage : sentir que l'on est en permanence à la limite de se faire violemment retourner par le courant n'est pas rassurant du tout. De retour dans son Squall, la différence se fit rapidement sentir, et c'est le visage illuminé par cette découverte qu'il enchaîna ses premiers flatspins. Cet instinct de conservation qui pousse inconsciemment à gîter le bateau est donc votre principal ennemi si vous voulez réussir le flatspin.

Dans le cas du flatspin, vous aurez donc à orienter vos épaules vers la gauche ou vers la droite, selon le sens de la rotation, puis à placer votre pagaie le long du bateau. A ce moment, la position ressemble beaucoup à celle adoptée lors d'un esquimautage de type central, l'idéal étant que vu de dessus, l'axe formé par vos épaules soit parallèle au courant (eh oui, il va falloir être souple). A partir de là, votre buste ne bouge plus et sert de pivot à la rotation du bateau, toujours en veillant à tenir le bateau à plat. Vous pouvez alors enclencher ce que l'on peut appeler une rétropropulsion circulaire (et non pas une dénage), qui n'est rien moins qu'une circulaire effectuée à l'envers. Comme vous avez bien appris vos leçons étant petit, pas besoin de rappeler que pour être efficace, une circulaire doit décrire un arc de cercle le plus loin possible du bateau, de l'avant jusqu'à l'arrière. Cela est valable aussi pour la rétropropulsion circulaire, bien entendu dans l'autre sens. Alors que la dénage freine le bateau et vous fait sortir de la vague, la rétropropulsion circulaire vous permet de faire pivoter le bateau sans le freiner, ou très peu, ce qui est primordial dans le cas présent.

 

Prenons l'exemple du patin à glace. On voit fréquemment les patineurs se diriger en avant, puis soudainement effectuer un 180° et continuer néanmoins à aller dans la même direction. Leur trajectoire ne change pas, ce n'est que l'orientation de leur corps qui est modifiée. Le principe du flatspin est le même :

Quelque soit l'orientation de votre kayak durant la rotation, votre
axe de déplacement reste le même : vers le creux de la vague.
Ici, un 180° vu de dessus.

Veillez à ce que vos coups de pagaie ne vous fassent pas sortir
de cet axe : vous devez uniquement tourner sur vous-même
sans propulser le kayak
, d'où l'importance d'effectuer des circulaires "propres".

 

Logiquement, si vous avez bien suivi, vous venez d'effectuer un 180° de toute beauté. Vous n'avez plus qu'à parachever la figure en enchaînant cette rétropropulsion circulaire avec une circulaire de l'autre côté, pour effectuer le second 180° qui vous ramènera dans votre position initiale.

Voilà, vous savez tout (ou à peu près) du flatspin. Reste à trouver un spot pas trop difficile pour débuter, du type vague un peu déferlante, pour ensuite essayer sur des grosses vagues totalement lisses, où vous aurez sans doutes les meilleures sensations de votre vie de kayakiste.

 

Petit supplément pour les heureux possesseurs de Glide ou Slice
( peut-être également valable pour d'autres bateaux, à tester)

Après avoir longtemps expérimenté les spins sur la vague lisse de St Pierre de Boeuf, je me suis aperçu d'une chose : il y a différentes manières de descendre vers le creux d'une vague.

Le schéma est volontairement exagéré. Dans la réalité, la distinction entre les deux cas de figure est plus difficile à établir, et requiert une certaine habitude; il peut s'agir d'une sensation extrêmement fine sur des vagues de faible hauteur.

1) le bateau garde son assiette de départ, et prend un peu moins de vitesse vers le creux de la vague. Le bateau repose uniquement sur le "disk" de la coque. Dans ce cas, la glisse du bateau en rotation est optimale et si la vague est suffisamment haute, la faible vitesse permet d'enchaîner plusieurs rotations avant d'atteindre le creux. C'est dans ce cas que l'on peut tenter les cleans, les sidesurfs (surf effectué perpendiculairement au courant) ou les rotations volontairement lentes.


2) le bateau "décroche" et la vitesse est plus élevée; le kayak se retrouvera très rapidement au creux de la vague. On peut alors envisager des figures nécessitant plus de vitesse et de dynamisme, telles que blunts et aerials.