Championnats du Monde de kayak freestyle - Sort, Espagne - 25 juin au 1er juillet 2001

Après de difficiles sélections en ce début de saison, je suis parvenu à obtenir pour la deuxième fois consécutive une des six places de l'Equipe de France de kayak freestyle, afin de participer aux Championnats du Monde, en juin dernier dans les Pyrénées espagnoles. Près d'une trentaine de nations participent à ces Championnats : Costa Rica, Nouvelle-Zélande, Népal, Togo, Russie… et bien sûr les deux pays qui dominent la discipline actuellement : USA et Canada.

Les séances d'entraînement seront très réduites, chaque nation disposant seulement d'une heure tous les deux jours ! Il me sera difficile dans un premier temps de m'adapter à l'imposant rouleau accueillant la compétition, sans commune mesure avec mes sites d'entraînement et notamment la rivière artificielle de St Pierre de Bœuf. Avec plus de 160 inscrits, la catégorie Kayak Hommes est de loin celle dont le niveau est le plus relevé. Après une 25ème place l'année dernière durant les pré-mondiaux, mon objectif était d'entrer dans les 15 premiers cette année. Dès les éliminatoires, je crée la surprise en accrochant la sixième place au milieu des professionnels américains et canadiens ! Cette performance est très encourageante mais je sais qu'il me reste à confirmer cette position pour la suite, et que rien n'est joué d'avance. En effet, dans un rouleau de cette puissance, la moindre erreur se paye très cher et les classement évolueront beaucoup au fil des tours. Les quarts de finale sont plus tendus : des 40 kayakistes sélectionnés, seuls 15 accèderont à la demi-finale. Je fais délibérément le choix de ne pas remonter dans mon kayak durant le jour de repos qui précède ces quarts de finale, afin de rester sur les très bonnes sensations des éliminatoires. Cette stratégie s'avère payante, puisque je prends à nouveau la 6ème place. Cela représente une double satisfaction pour moi, d'une part pour avoir atteint une bonne régularité à ce niveau de performance, et d'autre part pour être assuré de remplir mon objectif, qui était de terminer parmi les 15 premiers. Déjà bon nombre de favoris sont très loin dans le classement, et jour après jour les compétiteurs éliminés viennent grossir les rangs des amateurs de fiesta espagnole, jusque très tard dans la nuit…

La demi-finale, courue en nocturne sous les feux des projecteurs, donnera lieu à un des plus grands spectacles jamais vu en kayak. Je fais figure d'outsider parmi les 15 demis-finalistes aux côtés des pros américains, canadiens, sud-africains, néo-zélandais, parmi lesquels plusieurs légendes vivantes du kayak, que je regardais avec admiration en 1997 au Canada lors de mes premiers Championnats du Monde, alors que la France découvrait tout juste le kayak freestyle. Le speaker nous appelle tour à tour pour un passage d'échauffement, sous les acclamations des plusieurs milliers de personnes massées dans les tribunes, et d'un clan français particulièrement actif. Un DJ assène une musique puissante et rapide, qui renforce encore une ambiance électrique. Après ces présentations, les passages débutent. " Go big or go home ", comme disent les Américains. En clair, c'est le moment de tout tenter pour obtenir une des cinq places offertes en finale, plus personne ne peut se contenter " d'assurer " à ce niveau de la compétition. Des 15 demis-finalistes, bien malin qui peut faire un pronostic tant le niveau est élevé. Vient mon tour. Jusque-là, les scores sont élevés sans être exceptionnels, car le niveau d'eau est plus haut et la lumière des projecteurs fausse les repères. Mais je sais que j'ai mes chances si je parviens à obtenir le même nombre de points qu'aux tours précédents. Je n'ai pas trop de pression, car je n'ai rien à perdre arrivé à ce stade de la compétition. Je m'élance. Mon passage débute bien, les figures s'enchaînent rapidement et proprement. Il me reste 15 ou 20 secondes à accomplir lorsque je ressens comme un coup de poignard au niveau des côtes. Malgré la violente douleur qui se manifeste à chaque mouvement, je décide d'aller au bout des 45 secondes. Go big or go home ! Je finis tant bien que mal mon passage, avant de rejoindre la berge et le kiné de l'équipe pour les premiers soins. Soudain le clan français s'enflamme, mon score vient d'apparaître sur l'écran des résultats. Je prends provisoirement la tête du classement, mais les cinq compétiteurs me devançant à l'issue des quarts de finale doivent encore s'élancer. Quoi qu'il en soit, mon sort est fixé par le diagnostic du kiné : une côté flottante s'est détachée du cartilage pendant l'effort, et même qualifié je ne pourrai pas disputer la finale car deux mois de repos forcé m'attendent. C'est quasi-simultanément que j'apprends ma 3ème place à l'issue de cette demi-finale, et donc ma qualification…

Le lendemain, ne pouvant courir, je finis dernier de cette finale, et donc à la cinquième place de mes premiers Championnats du Monde en catégorie senior. Nico Chassing, lui aussi sélectionné, terminera à la quatrième position. J'accueille cette 5eme place avec des sentiments très partagés. D'un côté, une déception immense car je ne peux pas défendre mes chances pour le podium, qui me semble pourtant plus accessible que jamais, ambition confortée par ma 3ème place en demi-finale et la grande confiance accumulée tout au long de la semaine. J'éprouve en même temps la grande satisfaction d'avoir pu me glisser dans le top 5 mondial, dont je n'osais même pas rêver ! Nul doute que je vais être attendu au tournant sur les prochaines compétitions ! Un objectif désormais : participer à davantage de compétitions internationales, et acquérir un maximum d'expérience face aux meilleurs étrangers. Peut-être dès cet automne en Indonésie, avec une deuxième participation à l'"Indonesian White Water Challenge " ?!

David ARNAUD

Les résultats complets K1 Hommes (45 Ko)

Plusieurs sites ont couvert ces mondiaux en live. Vous pouvez consulter les sites suivants pour plus d'information, de photos et videos :
www.kayakinternational.com

www.whitewaterwarriors.com
www.kayakmag.com
et les pages freestyle de la fédé : www.ffck.org

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